L’UE et l’Inde reprennent leurs négociations pour un accord commercial

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Le Monde - 09 mai 2021

L’UE et l’Inde reprennent leurs négociations pour un accord commercial

L’Union européenne et New Delhi ont décidé, samedi 8 mai, de relancer leurs relations à l’occasion d’un sommet à Porto. Leur partenariat repose sur la reprise des négociations en vue d’un accord de libre-échange et d’une coopération accrue dans le domaine de la santé, au moment où l’Inde est submergée par la pandémie.

« Je suis heureux d’annoncer que l’UE et l’Inde ouvrent un nouveau chapitre important de leurs relations », a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, à l’issue d’une réunion organisée en visioconférence à cause de la pandémie. « Nous sommes convenus de lancer des négociations et des accords sur le commerce, la protection des investissements et les indications géographiques », s’est-il félicité.

« Il est prématuré d’entrer dans les détails, mais nous allons mener trois négociations en parallèle », a précisé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Le premier ministre indien, Narendra Modi, devait rejoindre les dirigeants des Vingt-Sept réunis en sommet informel depuis vendredi à Porto, mais il a été contraint d’annuler son déplacement en raison de la flambée de l’épidémie, qui a déjà fait plus de 230 000 morts dans ce pays de 1,366 milliard d’habitants.

S’allier pour les prochaines pandémies

Producteurs de vaccins et considérés comme les « pharmacies du monde », l’UE et l’Inde se sont également entendus pour renforcer leur coopération afin de faire face aux prochaines pandémies. « Je pourrais très bien imaginer une coopération encore plus étroite entre l’Union européenne et l’Inde dans la production de vaccins », a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel, qui avait elle aussi renoncé au déplacement à Porto à cause de la pandémie.
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Narendra Modi a pressé l’UE de soutenir la demande de l’Inde et de l’Afrique du Sud de faire suspendre les brevets sur les vaccins afin de garantir « un accès équitable et mondial, et de sauver des vies », a rapporté Vikas Swarup, haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères.

La proposition, relancée par le président américain avant le sommet de Porto, a agacé les Européens, mais l’échange avec le premier ministre indien est resté « très civil », a assuré un participant. « L’urgence, c’est produire plus et avoir plus de solidarité maintenant », a affirmé le président, Emmanuel Macron. « Il faut d’abord que les Anglo-Saxons arrêtent les interdictions d’exporter », a-t-il insisté.

Convergence d’intérêts

Le maintien du sommet au niveau des dirigeants des Vingt-Sept a été « très important, au moment où l’Inde vit une situation dramatique », a souligné le premier ministre du Portugal, Antonio Costa, hôte du sommet. « Il y a une dynamique, car il existe une convergence d’intérêts », a expliqué un diplomate européen.

« L’Inde a choisi d’investir davantage dans sa relation avec l’UE à cause de la Chine et du Brexit qui oblige New Delhi à ne plus considérer Londres comme son unique entrée dans l’UE », explique le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Londres veut aussi commencer à négocier un accord de libre-échange avec l’Inde dès l’automne, a annoncé le gouvernement britannique.
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Les accords recherchés par l’UE ne seront « pas faciles ni rapides à obtenir », a reconnu un haut fonctionnaire européen. D’autant que l’UE ne va pas éluder les questions liées aux droits de l’homme, a assuré Charles Michel. « L’Inde est un pays très protectionniste, et, même si c’est une grande démocratie, les questions des droits de l’homme sont très sensibles, et les Indiens se braquent facilement », a confié un responsable européen à l’Agence France-Presse.

La décision de relancer la coopération « ne veut pas dire que l’UE et l’Inde vont constituer un bloc entre les Etats-Unis et la Chine », a-t-il averti. « L’Inde est un pays non aligné, lié aux Etats-Unis dans le cadre du “Quad” [une alliance informelle entre les Etats-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie], mais il ne veut pas être un junior partner, et, sur ce point, il rejoint l’UE », a-t-il expliqué.

Fuente: Le Monde